Exposition de la rentrée "Monstrum", Joan Jorda et Louis Gille
- lagalerie09
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JOAN JORDÀ (Sant Feliu de Guixols, 1929 – Toulouse, 2020)
Emigre en janvier 1939 comme des milliers de compatriotes lors de la "Retirada". En 45, Joan Jordà se fixe à Toulouse avec sa famille. Autodidacte, il s’engage dans la peinture en 47. De 54 à 57, il complète sa formation aux Beaux-Arts (peintre Espinasse et graveur Louvrier). En 79, il est un des membres fondateurs du groupe CAPT (Coordination des artistes plasticiens de Toulouse).
Cours extrait des nombreuses expositions personnelles : 2000, Musée Pia Almonia (Barcelone) et Museu d’Historia Monestir (San Feliu de Guixols). 2004, Espace Croix Baragnon, 2013, Musée Goya (Castres), Centre Joël Bousquet (Carcassonne). 2023 Château de Laréole (Toulouse)
Extrait des expositions collectives : 2008, Grand Palais (Paris). 2010, Musée Ingres (Montauban). 2019, Les Abattoirs (Toulouse).
Collections publiques : FRAC Toulouse Occitanie, Musée Goya (Castres).
Oeuvre publique : Mémorial « L’exode des républicains espagnols 1939 », bronze, Toulouse.
Sa carrière, qui a débuté réellement vers la fin des années 70, s’est déployée sur une quarantaine d’années. Travailleur acharné, l’ensemble de son travail est considérable, composé de plus de 3000 œuvres tous supports confondus sculptures, peintures, dessins. Sa première exposition personnelle en 1976 marque le début d’un long engagement dans une dénonciation de la violence et des aberrations des pouvoirs totalitaires : « Bombardements » (80), « Personnages cloués », « Égorgeurs » (98).
Joan Jordà a aussi peint une série de Ménines inspirées du tableau de Vélasquez (Las Meninas, 1656), des bestiaires, il a enluminé des recueils de poésies comme celui d’Arthur Rimbaud, Alchimie du verbe (2002), ou encore celui de Serge Pey, Les poupées de Rivesaltes (2011) et aussi Cervantès, Le retable des merveilles (2016).
Ses toiles imposantes, ses gouaches sur papier racontent la violence et l’horreur de la guerre mais aussi une quête inextinguible de liberté.
Jordà est un artiste que d’aucuns décrivent comme ayant un sentiment tragique de la vie. C’est ainsi qu’il vit son art. Tout l’affecte et devient sujet de peinture.
Il décrit ainsi son engagement pour l’art : « Je dois reconnaitre une probité à la peinture, elle résiste impitoyablement à ceux qui n’en sont pas digne ». Cette phrase de Philippe Sollers est punaisée au mur de son atelier : « Je ne crois qu’à un artiste pour qui l’art est une question de vie ou de mort ».
Picturalement, son style évolue au cours de sa vie, il est ancré dans son temps : ses sources d’inspirations vont du cubisme aux expressionnistes. Alain Mousseigne, ancien directeur des Abattoirs écrit qu’il n’est pas correct de confiner Joan Jordà dans ses racines culturelles nationales : « Sa peinture agitée en surface par une multitude de signes et de figures puise bien au-delà de ses sources espagnoles et catalanes. A Goya, Picasso, Gonzalèz, Saura qui se lèvent fièrement dans la mémoire de ses toiles s’agrègent et se joignent les ferments vitalistes de Matisse et de Gauguin revisités par Nolde, Heckel et Mueller, Ensor, Jorg et Appel, Bacon et Dubuffet ».
LOUIS GILLE (Toulouse, 1999 -)
Il vit et travaille à Luchon (France). Il a commencé à dessiner avant de savoir écrire dit-il : dès l’âge de 2 ans. En 2005, Louis a 6 ans, il déclare à ses parents : « Quand je serai grand je deviendrai Salvador Dali ». 2007-08 Beaux-Arts Toulouse, 2009-2014/Cours de dessin chez Catherine Escudié, Toulouse, 2016 -17/ ESMA Toulouse, 2019-2020/Ecole Emile Cohl – Lyon.
Dernières expositions : Mars 2024 : Salon ART3F – Toulouse (France)
Novembre 2024 : Marie de Castanet-Tolosan (France)
Mars-Avril 2025 : Concept store Atypique Crew – Toulouse (France)
Mon travail n’est autre qu’un langage que je façonne. Il est intéressant de noter que malgré mon enthousiasme et mon euphorie naturelle, je n’ai dépeint principalement que mes peurs ou émotions négatives ; les monstres sont souvent apparus et apparaissent encore aujourd’hui dans mes ouvrages ; ma participation à cette exposition semble donc assez évidente.
Je dessine et m’exprime depuis toujours et semble effectuer l’art comme une sorte de thérapie évidente ; une idée, une émotion un scénario naît, suivit soit d’une image claire (qui ne sera jamais le résultat car je déteste prévoir et veut certainement inconsciemment me surprendre), soit la main vit d’elle-même sur le papier, animée par l’émotion et je ne comprends le sens que plus tard, et parfois bien plus tard.
La différence est un sujet que j’aime aborder : Qui n’aime pas le précieux ? Ce qui sort de l’ordinaire ? Ce qui est marginal ? Moi ça me charme.
L’anomalie, l’erreur, le laid, la maladie, la folie, la monstruosité... toutes ces choses semblant pointer du doigt quelque chose qui ne va pas ; ce quelque chose qui ne va pas que je pointe souvent du doigt car je le trouve hurlant d’intérêt et de fascination.
Comme je le disais j’aime jouer dans la peur, l’émerveillement, le choc ; ça dépend comment les gens reçoivent l’image ; mais même si le tout est agrémenté d’une touche d’humour, de couleurs souvent vives et de folie, ((afin de conserver une forme d’harmonie globale, la vie est rarement noire ou blanche dit grossièrement, ce serait passer à côté de certaines dimensions émotionnelles - à moins d’un parti-pris)) je reste non pas moins avant tout un grand amateur du genre horrifique, notamment d’épouvante, surtout lorsque celle-ci joue avec une dimension psychologique.
Tellement de choses fascinantes et parfois inexpliquées se passant dans le monde de dedans que je le trouve personnellement bien plus fascinant que le monde de dehors, ou ce qu’on pourrait appeler le monde commun : celui-là même qui me repousse et me sert simplement de source d’inspiration et de terrain d’aventures de vie. Disons que je préfère le regarder de loin.
Si l’on en croit l’étymologie même du mot monstre, du latin Monstrum, il peut désigner un être non conforme, non logique, ou une entité surnaturelle prodigieuse envoyée selon les volontés divines… En tout cas, ça me parle.
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