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LE BLOG DE LA GALERIE

L'OPÉRA AU LYCÉE

LA GALERIE présente : « Fées et sorcières, à l’opéra ».

Le Lycée Gabriel Fauré est indéfectiblement lié, par son nom, à la musique et notamment à l’opéra puisque Fauré composa entre-autre la musique de « Pénélope » entre 1907 et 1912. L’opéra est un art méconnu du grand public quel que soit son âge d’autant plus en Ariège, département éloigné des salles qui peuvent accueillir cette forme de création. Il semble, de fait, d’autant plus inaccessible. Pourtant, l’opéra a toujours eu une actualité. Le décor, les costumes ont intéressés et intéressent les plasticiens de tous temps en commençant par l’Ecole du Bauhaus, Kandinsky entre-autre, Rauschenberg, au début du XXie siècle, jusqu’à Chambas et nos jeunes photographes aujourd’hui que nous vous proposons ici de découvrir. L’opéra reste donc incontournable tant il est un Art Total mêlant étroitement les disciplines telles que arts plastiques, littérature et musique. Par une approche interdisciplinaire, il sera donc question de se saisir de cette complexité afin de la faire partager et de faire émerger la modernité de l’opéra.

En choisissant ce thème, « Fées et sorcières », notre objectif n’était certes pas de susciter un retour à une pensée archaïque mais plutôt de montrer que la spécificité de l’opéra est de mettre en scène, à travers ces personnages de fiction, les turpitudes de la vie. Plus précisément selon Michel Laxenaire et Jacqueline Verdeau dans Chants Diaboliques : « Fées et sorcières ne seraient que les réponses maladroites et irrationnelles données aux grandes questions métaphysiques qui hantent l’homme depuis toujours : Qui sommes-nous ? Où allons-nous ? Que nous veut le destin ? Est-il possible de le prédire ou de l’influencer par des pratiques magiques ou surnaturelles ? La ronde des fées ou le sabbat des sorcières ne seraient, en somme, que des images oniriques destinées à pallier les insuffisances de la raison. » Comment les fées et les sorcières sont-elles les vecteurs de cette réflexion existentielle ? Ces personnages, chacun à leur manière, tiennent une place importante dans la survenue du fantastique à l’opéra. Dans ce registre littéraire qui se caractérise par l’intrusion du surnaturel dans le cadre réaliste d’un récit, il règne une atmosphère à mi-chemin entre le réel et l’imaginaire permettant d’introduire une inquiétante étrangeté. Les moyens propres à cet art que sont le livret (texte) et la musique opèrent un déplacement chargé, dans une certaine mesure, de faire accepter voire de dépasser les tourments de l’existence par une approche cathartique.

L’opéra adopte donc les fées et les sorcières dans toute leur complexité psychologique, au-delà des apparences manichéennes du bien et du mal dont elles sont trop souvent affublées. Elles prennent par exemple l’apparence de gitanes dans le registre romantique. Pour Verdi dans Le Trouvère, Azucena, la mère de ce dernier, a une place centrale dans l’intrigue et son dénouement inattendu. Dans le Carmen de Bizet, cette dernière est un personnage passablement édulcoré par rapport à celui du roman de Mérimée qui le créa et pour lequel il est une bohémienne calculatrice, voleuse qui lit l’avenir et précipite celui de Don José, amoureux d’elle, vers le néant. Elles prennent l’apparence de sorcières dans Le Bal Masqué de Verdi avec le personnage de la vieille noire Ulrica lisant l’avenir. Mais son instinct divinatoire n’a le pouvoir de transformer qu’un avenir prévisible étant donné l’orgueil indomptable des personnages masculins. De même, dans Macbeth de Shakespeare repris dans l’opéra de Verdi, les sorcières émettent des prophéties qui ne sont que la révélation de l’inconscient des puissants. Finalement voyance et clairvoyance sont proches. Le personnage principal qu’est Médée dans les opéras de Charpentier ou de Chérubini est, quant à lui, une magicienne. Mi femme mi déesse, elle aide d’abord Jason à conquérir la Toison d’or au prix de trahisons familiales puis trahie à son tour elle tue les enfants qu’elle a eu de son union avec lui. Ces meurtres, qu’ils s’originent dans le sentiment de l’amour ou dans celui de la vengeance appartiennent finalement à notre actualité, à une psychologie proprement humaine. Les moyens utilisés à l’opéra qui apparaissent de l’ordre de l’imaginaire voire du symbolique nous permettent de supporter ces excès. Enfin, nous retrouvons les fées aussi bien dans la Flûte enchantée de Mozart que dans Les fées de Richard Wagner. A la dimension initiatique initiée par Mozart, Wagner rajoute des éléments relevant d’une esthétique du surnaturel s’inscrivant ainsi dans la filiation moderne du romantisme. Le personnage de la fée Ada est le fil conducteur induisant les péripéties rencontrées par le héros Arindal. Au terme de son parcours, ce dernier, par son courage, acquiert l’immortalité.

Pouvons-nous espérer, qu’à l’instar d’Arindal, l’écoute de l’opéra nous permette, au moins un instant, d’atteindre l’éternité ?

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