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LE BLOG DE LA GALERIE

VÉGÉTALITÉ, un point de vue littéraire: Colette ou la célébration du monde dans Sido et Les Vrilles de la vigne. Par Béa Gaben-Schultz.


 

        



Colette composa son délicieux Pour un herbier après la Seconde Guerre, quand un éditeur de Lausanne décida de lui envoyer, une ou deux fois par semaine, des bouquets de fleurs afin qu’elle en trace le portrait. Ni classification didactique, ni description systématique, ni taxinomie, Pour un herbier est une “divagation modeste” capricieuse. La première fleur célébrée est la rose:

         “(...) ma religion te baptise mieux, Rose, toi que j’appelle en secret Péché pourpre, Abricotine, Neige, Fée, Beauté noire, toi qui soutiens glorieusement l’hommage d’un nom bien païen: la Cuisse-de-nymphe-émue!”

         Dans les deux œuvres,  Sido (1929) et Les Vrilles de la vigne ( 1908), la nature s’impose comme une source inépuisable d’inspiration. Une attention particulière est accordée aux végétaux, ainsi qu’aux saisons. Ces évocations convoquent systématiquement les sens que la nature sollicite. Les descriptions des paysages mêlent couleurs, sensations et poésie, elles ouvrent des méditations, des introspections à la recherche de soi.

 

“À la première haleine de la forêt, mon cœur se gonfle. Un ancien moi-même se dresse, tressaille d'une triste allégresse, pointe les oreilles, avec des narines ouvertes pour boire le parfum.

Le vent se meurt sous les allées couvertes, où l'air se balance à peine, lourd, musqué…Une vague molle de parfum guide les pas vers la fraise sauvage, ronde comme une perle, qui mûrit ici en secret, noircit, tremble et tombe, dissoute lentement en suave pourriture framboisée dont l'arôme enivre, mêlé à celui d'un chèvrefeuille verdâtre, poissé de miel, à celui d'une ronde de champignons blancs (…)

Sous la futée centenaire, la verte obscurité solennelle ignore le soleil et les oiseaux. L'ombre impérieuse des chênes et des frênes a banni du sol l'herbe, la fleur, la mousse et jusqu'à l'insecte. Un écho nous suit, inquiétant, qui double le rythme de nos pas…”

Colette, Les Vrilles de la vigne,  “En marge d'une page blanche”, 1908

 

Où nos deux poètes de la nature vivante et habitée des métamorphoses de leur moi se rejoignent…

 

 

 

 

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