LE TRAMWAY NOMMÉ DESIR
Michèle Ginoulhiac Baudeigne est intervenue à l'INHA à Paris, ce jeudi 18 mai 2017, invitée par l'association des doctorants de Paris 8, 19/20.
Le propos de cette intervention consistait, dans la continuité de ses travaux, de proposer une analyse critique des oeuvres du tramway de Nice.
"Penser la muséalité des espaces urbains nous pousse à approfondir le sens de cet interventionnisme par lequel l’apport d’art en ville concerne très spécifiquement les aménagements urbanistiques issus de la métropolisation. À Nice, les lieux polarisants de la trame urbaine desservis par le tramway - place Masséna, pont SNCF Thiers, avenue Jean Médecin, rue Francis Gallo… présentent des dispositifs intriqués, urbanistique, architectural, artistique et politique. L’usager traversant quotidiennement la ville grâce à ce moyen de transport y effectue un parcours éclairé et éclairant d’œuvres. Effectivement, dès la tombée du jour, la lumière devient un élément primordial sur son chemin en ce qu’elle incarne à la fois une mémoire et des valeurs : mémoire de cette vivante École de Nice dont la ville s’enorgueillie mais aussi valorisation de la diversité des cultures et des langages. Tout porte à croire que l’assemblage hétéroclite, le recyclage poétique du réel ou son appropriation évènementielle, pratiques adoptées par les plasticiens du Nouveau Réalisme ou de Fluxus tels que Klein ou Ben, …a fait son chemin dans les esprits dirigeants. La dimension communicationnelle de cette commande publique, en exposition permanente, sert les objectifs citoyens des politiques urbaines de manière moins ostentatoire que ceux portés par la symbolique d’une sculpture de condottiere. Ici, l’œuvre prend littéralement part à l’architecture quand Sarkis souligne d’or le passage entre ville médiévale et moderne, elle survient lorsque Jaume Plensa suspend ses veilleurs colorés et lumineux au faîte de la place Masséna déjà ocrée. À la frontière entre Italie et France, cette ville au climat doux est tiraillée par des tensions internes entre quartiers populaires et beaux quartiers qui, sans doute, la poussent à inventer une nouvelle unité aux portes du nouveau millénaire. À cet effet, les politiques culturelles actives se targuent de faire de Nice « un musée à ciel ouvert » : à l’instar de l’analyse de Jean Davallon concernant le parcours muséal, nous examinerons ce dispositif socio – symbolique comme un dispositif de médiation."
Biographie
Agrégée d’Arts Plastiques au lycée de Foix et à l’ESPE Foix - Université Toulouse 2.
Après un DNSEP aux Beaux-Arts de Toulouse, Michèle Ginoulhiac Baudeigne soutient un doctorat en Sciences de l’Art sur les « Muséalités de l’espace urbain. L’œuvre comme dispositif de médiation dans l’espace public au tournant du XXIe siècle » au laboratoire LLA de l’Université Toulouse 2.
Dernières publications :
- « Muséalité de l’espace urbain. La Défense à Paris », in Isabelle Alzieu (dir.), Architecture muséale, Figures de l’art n°21, PUPPA, 2012
- « Le projet artistique pour l’espace urbain est-il un acte gratuit ? L’appel d’idée pour une vision artistique de l’axe historique à l’ouest de la grande Arche à Paris. » in Catherine Naugrette (dir.), Art et culture. Le coût et la gratuité, tome 1, L’Harmattan, 2013
- « L’art dans le métro de Toulouse, un dispositif de médiation » in Cecile Croce (dir.), L’art des villes, Figures de l’art n°31, PUPPA, 2016